PARADIES : LIEBE
de Ulrich Seidl avec Maria Hofstätter
Cette fois il utilise Anna, une femme en quête de bonheur, pour dénoncer la noirceur des moyens utilisés pour parvenir au bonheur. "Paradis : Amour", ou comment le voyage d'un autrichienne au Kenya vire à la désillusion tragique, dénonce entre autres le tourisme sexuel. On y découvre des femmes blanches bien portantes qui partent en vacances pour avoir des relations sexuelles avec de jeunes noirs. Parmi elles, la formidable comédienne Maria Hofstätter, dont la prestation habitée et les fameux gloussements vont marquer les esprits. La nudité, les propos frôlant le racisme, l'abus de confiance aussi bien du côté européen que du côté africain ainsi que les méfaits du besoin d'argent distillent une certaine idée de la misère humaine.
Ce long-métrage est tantôt provocant, tantôt drôle, mais toujours très impudique. Car Seidl ne lésine pas sur les moyens pour étayer la véracité de son propos, et il nous délivre l'action jusque dans ses moindres détails. Sa caméra plonge alors si profondément dans l'intimité des personnages que cela en devient gênant. Mais le film ne porte pas de jugement, il se contente de décortiquer froidement les attitudes de chacun des personnages et laisse le soin au spectateur d'émettre sa propre opinion sur le sujet. Et c'est là toute la force du réalisateur qui demeure impartial tandis que le public est submergé par l'émotion, naviguant entre complicité et indignation. Mais quoi qu'on éprouve pour le film, la provocation gratuite n'a pas sa place dans la critique, car Seidl se contente de dresser un miroir à la face de l'humanité.
R. Pignon
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