LE CHEMINS DES PASSES DANGEREUSES de Michel-Marc Bouchard
Mis en scène par Claude Crétient.
Au théâtre du Bourg Neuf à 21h
Trois frères, que la mort du père a éloigné, vont enfin discuter à cœur ouvert au cours d'une étrange attente, presque hors du temps.
Orchestré d'une main de maître par Crétient, le texte de Bouchard, délivré avec justesse par les trois comédiens, s'écoute comme une symphonie. Le travail rythmique de la parole est maîtrisé de bout en bout et il s'impose avec une technicité remarquable. Dès les premières répliques, enchaînées sans temps mort comme lors d'une ouverture musicale, nous sommes happés par la pièce. Ensuite chaque silence, chaque respiration entre les mots et chaque accélération de la parole est ciselé dans l'écoulement du temps. Les phrases sont projetées telles les notes d'une partition qui ne laisse rien au hasard et qui nous tient en haleine dans chacune de ses ruptures et variations.
Grâce à la précise direction d'acteur, la musicalité verbale de la pièce nous fascine tandis que sa signification et son intrigue se révèlent peu à peu, jusqu'à nous mener à un twist final efficace.
On pourra reprocher à la technique de prendre le pas sur l'émotion, et regretter l'absence de scénographie, mais ce "chemin des passes dangereuses", mélange d'intrigue et de chagrin, est un règlement de compte fratricide qui mérite amplement le détour.
R. Pignon
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