CRABE DES ARTS # 16
EDITO
Pendant que nous fêtions Noël sereinement, à Paris, le monde du théâtre fut loin d'être gâté pour les fêtes de fin d'année. Victime de l'intégrisme catholique, il a soulevé une polémique et entraîné de nombreuses manifestations - certaines en sa faveur, et d'autres, fustigeant sa trop grande prise de liberté à l'égard de sujets "sacrés". L'objet de ce chamboulement : "Golgota Picnic" pièce de Rodrigo Garcia, qui monte en épingle la chrétienté et démontre que son iconographie représente l'image même de la "terreur et de la barbarie". Le tout abordé avec humour et décalage. A l'heure où les intégristes islamistes assument l'incendie volontaire des locaux de Charlie Hebdo, il y a fort à s'inquiéter concernant la liberté d'expression culturelle et artistique...
Effectivement, s'il est interdit de parler de certains sujets, d'où réclamons-nous vouloir une république ? Et surtout, si le sujet de la religion ne peut plus être touché (sans parler d'irrespect), la société entame une terrible marche arrière sur ses dernières avancées politiques et culturelles, selon moi déjà bien entamée, qui piétinent les plates-bande de la laïcité. Crier au blasphème semble s'apparenter à un élan d'ordre moyen-âgeux et s'attaquer à la culture pour défendre des valeurs religieuses est un grave amalgame qui devrait ne plus faire surface de nos jours.
Nous vivons au sein d'une ère paradoxale : la communication permanente et l'accessibilité à l'actualité pour tous déploient les ailes de l'épanouissement de la culture et de la liberté d'expression, pourtant, malgré la diversité des supports, on se permet beaucoup moins de choses qu'il y a trente ans par exemple. L'audace a laissé place à des codes de bienséance lisses, basés sur le paraître et le bien-pensant. Nous nous enfermons alors sans même nous en rendre compte au sein d'une société culturelle imposée et orientée. L'important est de toujours savoir prendre des chemins de traverse sans suivre la masse habituée à prendre l'escalator commun...
Quoi qu'il en soit, au Crabe, nous n'avons qu'une dictature : celle de la liberté culturelle !
Et pendant que les truffes et la dinde farcie festoient au fond de votre estomac nous vous souhaitons bonne année, et ...bonne lecture !
S. Alunni
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