Artistes à touristes, et moi ? et moi ? et moi ?
Sortez les lunettes de soleil ! C’est le retour de la pleine saison : la marée de touristes monte. Pour les parigots en manque de soleil et qui bouchonnent en Citroën Picasso, on fait de jolies plages de sable fin. Pour les blaireaux attirés par l’odeur du luxe et qui débarquent en yachts, on aiguise les carrés VIP.
Et pour nous ? Quid du petit paysage artistique azuréen ? Au TPI, vache maigre. Le Rectorat exposera les travaux photographies des collégiens et lycéens niçois à partir du 27 Mai. Au MAMAC par contre, ne ratez pas " The Uncountables", sorte d’accumulation aérienne en équilibre de Sarah Sze. Cette curiosité résolument moderne occupe une salle entière du musée, de quoi rêvasser loin des coups de soleil.
Enfin, on a beau être vertueux, traquer les films et les expositions, ou déphasé, ne fréquenter le vieux Nice qu’après minuit, se baigner nu et à 4h du matin, si on ne fait pas attention, on peut aussi se retrouver avec une fille sous le bras et un cône de glace à la main, en prime time sur la Croisette ou rue Masséna.
C’est là que l’on découvre une cacophonie de performances de rues, d’expositions à la sauvette, un déballage de petits spectacles destiné à tondre nos amis les touristes. Cela va du pire, l’indien qui vend des gadgets fluorescents que l’on peut lancer haut dans le ciel (mais pourquoi ?), jusqu’au meilleur, cet étrange personnage qui expose un vélo et une carte d’Europe quadrillée par ses voyages de cyclotouriste. Il a parcouru tous les littoraux, toutes les capitales, tout ça en vélo, et il ne dit pas un mot.
Et cet infatigable Michael Jackson niçois, ou ce pianiste classique, présents toute l’année sur la place Masséna, et à qui le Crabe présente aujourd’hui ses respects. Et pourquoi pas ces "peintres de stations balnéaires", qui réalisent à la bombe et en quelques minutes des paysages de science fiction. Et aussi à Paris, un duo de violon et clarinette dans une rame de métro…
Peintres, caricaturistes, vendeurs d’affiches, mimes, musiciens, qui sont-ils ? Rémi Sans Famille ? Mendiants ? Finalement à force de manger du Picasso, on en oublie peut-être de s’ouvrir à l’inconnu, à l’expérimental. Van Gogh échangeant des toiles contre des repas ? Joshua Bell, la star du violon, jouant dans le métro de Washington ? Une chose est sûre, avec un peu de recul, profitez-en. Ce n’est pas que pour les touristes.
L. Despoisse
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