CYRIELLE VOGUET
Comédienne parisienne (actuellement dans "L'Impromptu de Versailles" de Molière au théâtre National de Nice, jusqu'au 19 Décembre)
Peux-tu décrire les différentes étapes de ton parcours de comédienne ?
J'ai commencé par faire une école de réalisation cinéma (EICAR), pendant laquelle j'ai réalisé 3 courts-métrages. Pendant la deuxième année, j'ai pris un cours du soir, choisit par hasard en bas de chez moi. J'ai rencontré Fabrice Heberhard qui m'a d'abord proposé de suivre des cours avec les comédiens de sa troupe, puis d'intégrer sa troupe dans des petits rôles, puis de plus gros rôle. Nous jouions à Collioure où il a monter un festival: "le festival Molière à Collioure", nous jouions des farces de Molière dans la rue, gratuit pour tout le monde et un gros spectacle dans la cours du château (Molière, toujours). J'ai suivi cette troupe pendant trois ans, puis j'ai commencé des cours professionnels : "les ateliers du Sudden théâtre dirigé par Raymond Aquaviva, que j'ai dû arrêter pour partir faire les tournage de "Coeur océan".
J'ai ensuite retrouvé un ami, Vincent Rivard, rencontré trois ans auparavant à l'occasion d'un court-métrage. Il sortait de la section mis en scène de l'ENSATT (dirigé par Anatoli Vassiliev) et m'a proposé de joué un monologue écrit par lui et pour être joué dans les bars, "Pourquoi pas moi" pendant un an et demi. Ce fut un grand succès et un grand apprentissage pour moi, la vraie école du jeu!!! Il me proposait une nouvelle méthode de travail plaçant l'acteur au centre de la création, c'était un vrai bonheur. Nous avons ensuite créé un autre spectacle avec lui et une comédienne sortant de l'ENSATT, créé à partir de textes de lui déjà existants et d'improvisation: "La réalité n'existe pas", qui est un spectacle qui peut se jouer dans les bars , ainsi que dans les théâtres. Nous continuons à le jouer encore aujourd'hui.
Ce même Vincent m'a parlé d'un stage que faisait un des metteurs en scène de sa promotion de l'ENSATT, et c'est comme ça que j'ai rencontré Cyril Cotinaut. Le stage consistait à travailler sur les figures mythologiques grecs. On travaillait en études (impros très precises sur l'action de la pièce) pour trouver le sens, l'essence des pièces.
On travaillait tous, tous les rôles, on cherchait tous ensemble. C'est comme ça qu'est née ELECTRE, nous avons continué à travailler, puis nous avons joué en février dans l'est de la France (TGP de frouard) et dans dans le sud (St Laurent du var, Nice).
Qu'est-ce qui t'a donné envie de monter sur les planches ? De diriger ta vie vers le théâtre ?
Je ne me rappelle plus vraiment. Je sais que ma mère m'a fait faire du théâtre quand j'étais gamine parce que j'étais très timide. J'ai continué jusqu'au bac à la comédie de St étienne, puis en arrivant à Paris j'ai arrêté un an et ça m'a vraiment manqué, je crois. Je pense que les premières envies d'être comédienne sont toujours fausses, car c'est un métier sur lequel on fantasme beaucoup, mais en le faisant on se rend compte que l'intérêt n'est pas là où on l'attendait.
Tu as fait pas mal de la télévision notamment sur la série Coeur Océan, que t'a apporté cette expérience ?
Je n'ai pas beaucoup aimé cette expérience. J'aime le travail en profondeur, lorsque l'on s'interroge, que l'on cherche.
Que recherches-tu en faisant du théâtre ? Dans Electre mis en scène par C. Cotinaut, tu incarnes un personnage excessivement déchiré, et pourtant la comédienne que tu es apporte une distanciation évidente au rôle. Comment as-tu travaillé ce personnage ?
En faisant du théâtre, je cherche à ce que ça vienne bouleverser quelque chose en moi, et pour les spectateurs. Je pense que le théâtre fait grandir. Il vient casser des certitudes, amène à penser différemment, se confronter à des choses auxquelles nous n'aurions jamais pensé. Sortir des problématiques de sa petite personne pour élever le débat et le transmettre. Avec Cyril Cotinaut, nous avons d'abord travaillé à chercher quel était le grand thème de la pièce. Pour cela nous avons fait des études, tout le monde jouait tous les rôles, nous cherchions tous ensemble comment chaque figure venait apporter quelque chose à ce thème. Dans le travail avec Cyril on part vraiment de nous, de ce que l'on est, de ce que l'on pense et on essaie petit à petit de tous parler de la même chose. On est venu vers le texte assez tard à partir du moment ou les mots de l'auteur devenaient essentiels. Nous avons également cherché la distance juste. Il est clair qu'on ne peut pas jouer cette pièce sans aucune distance, sinon on se fait trop mal, et je ne pense pas que le texte soit écrit pour cela ni que ce soit intéressant. Le plus important est de faire entendre le propos, s'amuser avec les figures qui nous sont proposées, dénoncer leurs erreurs même parfois. Piéger le spectateur, l'amener dans un sens puis son contraire pour lui laisser la place de sa propre réflexion.
Comment se passent les répétitions sur "L'impromptu de Versailles" ? De quelle manière abordes-tu ton rôle ?
Pour l'Impromptu de Versailles nous avons fait un gros travail à la table, déjà pour essayer de comprendre comment les choses s'articulent. Ce n'est pas évident car la pièce est une mise en abîme, à l'intérieur de laquelle on joue une autre pièce, à l'intérieur de laquelle on joue une autre pièce... Bref c'est un casse tête. Ce que je trouve très intéressant est le fait que nos personnages sont des personnes qui ont existé puisque c'est la troupe de Molière racontée par Molière lui même. On apprend aussi pour quelle personne il a écrit chaque rôle de son oeuvre et dans quelle circonstances. Maintenant je ne jouerai plus jamais une pièce de Molière de la même manière. C'est toute une époque, c'est aussi l'origine du théâtre que l'on fait aujourd'hui, je suis heureuse de pouvoir la découvrir profondément de cette manière. J'aime beaucoup mon personnage, je la trouve touchante et pleine d'esprit. Toute la difficulté aujourd'hui, c'est d'arriver, dans cette pièce, où nous sommes tous tout le temps sur le plateau, à trouver sa ligne, qu'elle soit claire, pour pouvoir jouer librement avec les autres, et parler de la même chose.
Quels sont tes projets pour la suite ? Vers quoi souhaites-tu t'orienter le plus ? Télé, cinéma, théâtre ?
Nous jouons "La réalité n'existe pas" avec Mélanie JAUNAY mis en scène Vincent RIVARD à Marseille pour le festival "Histoire de comptoire" dans les quartiers nord, association Les arts à part. Le 14,15,16 décembre. Puis "Electre" mis en scène Cyril COTINAUT au TNN, du 1er au 4 février. Et quelques projets pas confirmés encore donc je ne préfère pas en parler.
Propos recueillis par Ségolène Alunni.
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